Les toiles d'araignée
La soie d’araignée est une substance protéinique qui prend la forme de fils très fins et résistants, produits par les filières. Les différentes glandes séricigènes abdominales sécrètent différents types de soie qui peuvent être diversement peignées, polies ou garnies de gouttelettes adhésives.
Les toiles orbiculaires sont vite endommagées par des proies volantes et les intempéries, et les gouttelettes adhésives se dégradent au bout d’un à deux jours. La vieille toile est avalée avant qu’une nouvelle soit construite, et, si cela se produit souvent chaque nuit ou en début de matinée, des constructions récentes peuvent être observées à tout moment de la journée quand des toiles sont endommagées.
Les toiles décrites ci-dessous sont des constructions de soie qui servent à piéger les proies. Chaque espèce est reconnaissable à sa toile (nombre de rayons, secteurs manquants, présence d’un moyeu ou d’un trou central, d’un fil avertisseur, d’un stabilimentum…)
Chez une espèce donnée, il n’y a pas deux toiles identiques, et, même chez une araignée particulière, les toiles varient en fonction des caractéristiques des supports disponible et de l’âge de la tisseuse. Nous passerons en revue uniquement les toiles des araignées en vente sur ce site.
Les Araneidae (dont font partie les épeires) bâtissent toutes des toiles orbiculères (essentiellement verticales, rarement horizontales), généralement munies d’un fil avertisseur robuste reliant le moyeu à un abri situé au-dessus et sur le côté. L’araignée attend dans sa retraite, une patte antérieure posée sur le fil d’avertissement.
Les toiles des aranéides sont souvent très grandes, en relation avec la taille de l’araignée, et montrent la plupart du temps beaucoup de rayons et de spirales rapprochées. Il existe une zone libre entre le moyeu et les spirales principales, les fils de ces dernières portant des gouttelettes poisseuses.
La construction d'une toile
L’araignée commence par installer un fil principal fixé aux deux extrémités, puis, en plusieurs allers-retours, bâtit le cadre qui délimite la toile proprement dite. Elle place ensuite les rayons et commence à tisser la spirale interne, puis la spirale externe provisoire à spires très espacées. Reprenant alors son trajet en sens inverse, du bord vers le centre, et en produisant maintenant un fil adhésif, l’araignée tisse alors la spirale externe définitive, aux spires plus serrées. Avec ses griffes, elle termine sa construction en détruisant la spirale provisoire. Les amas de soie du moyeu sont également enlevées, et le trou est maintenu tel quel ou garni de soie.
Exemple de l’Epeire diadème
Dans chaque image :
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les mouvements de l'araignée sont indiqués par des lignes fléchées grises (gris léger = anciens mouvements, gris sombre = derniers mouvements)
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les lignes ordinaires montrent la position des fils quand la "photo" a été prise
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les lignes "pointillées" montrent la position qu'auront les fils à la fin de chaque série d'opération (si cette position diffère celle de la "photo" de l'image.
Une araignée qui se déplace tisse un fil de traîne (ou de rappel).
La première étape consiste à relier par un fil les 2 montants:
A - L'araignée arrime tout d'abord son fil de traîne sur le montant de droite, redescend sur le sol et gagne le premier poteau (gauche). Elle grimpe ensuite sur ce poteau. Aux deux tiers de cette ascension, elle tend son fil de traîne et le fixe au poteau. Ce fil lui permettra de rejoindre le sommet de l'autre montant.
B - Habituellement, l'araignée essaie de fixer ce fil le plus haut possible. Ceci peut être accompli en remplaçant le premier fil de traverse par un autre.
Durant cette première étape, l'araignée peut faire une pause, de quelques minutes ou de plusieurs heures.
C.D.E - L'araignée construit ensuite un "proto-moyeu", une structure formée de plusieurs fils d'ancrage (les proto-rayons) qui convergent vers un point central.
L'araignée construit chaque proto-rayon en attachant le fil de traîne au centre, puis en gagnant un montant en utilisant un des proto-rayons existants puis en fixant l'autre extrémité du fil de traîne quelques centimètres plus bas (image-D), ou en se laissant tomber à partir d'un proto-rayon existant sur le sol et en y fixant le fil de traîne (image-E).
F - Lorsque l'araignée a terminé le proto-moyeu (3 à 7 rayons), elle construit le premier fil (dit le fil-pont) au sommet du cadre de la future toile, puis elle déplace le centre vers sa position définitive. Elle tire ensuite le premier rayon permanent entre le centre et le "fil-pont".
La phase suivante est celle de la construction du cadre et des rayons.
G - Les fils de cadre principaux (ceux qui sont arrimés aux points d'ancrage de la toile) et les fils de cadre secondaires (qui sont attachés aux fils de cadre principaux) forment la structure de base de la toile. Pour construite un fil de cadre secondaire, l'araignée se déplace sur un rayon existant sur lequel elle attache le fil de traîne. Elle revient ensuite au centre puis redescend le rayon suivant à la base duquel elle arrime le fil le traîne. Elle revient ensuite au centre de la toile.
H - Pour construire un rayon, l'épeire gagne un fil du cadre via un rayon existant, elle descend 1-2 cm vers le bas (toujours) le long du fil de cadre et y attache le fil de traîne. Elle revient ensuite vers le centre et tend le fil de traîne, ce qui crée le nouveau rayon.
L'ordre dans lequel les rayons sont tirés suit certaines règles : Un nouveau rayon est toujours créé immédiatement sous un rayon existant, jamais en-dessus et ni avec un espace qui permettrait d'insérer un autre rayon. L'araignée place les nouveaux rayons de manière à équilibrer la tension sur le cadre.
I - Lors de la construction des rayons, l'épeire tourne autour du centre pour repérer les espaces dans lequel insérer les nouveaux rayons.
J - La construction de la spirale auxiliaire
La spirale auxiliaire, largement espacée, est construite sans interruption. Elle servira plus tard de repère pour la construction de la spirale définitive (ou spirale de capture).
Quand l'araignée a fini la spirale auxiliaire, elle se repose pendant environ une minute. On pense que cet arrêt est nécessaire pour que les glandes passent de la production de soie non-collante (utilisée jusqu'à cet instant) à celle de soie collante et plus élastique.
K- L - La construction de la spirale de capture
Durant la construction de la spirale de capture - surtout dans les zones extérieures - l'araignée tourne fréquemment sur elle-même et effectue de petits déplacements en forme de "U". Elle le ferait pour placer la spirale collante au mieux dans l'espace disponible. Tout en se rapprochant du centre, l'épeire enlève (en l'ingurgitant) la spirale auxiliaire.
Lorsque l'araignée a fini la spirale de capture, elle mange le centre du moyeu (ainsi que les restes de la construction des rayons) et le remplace par quelques points d'ancrage.
Elle se tient ensuite immobile au centre de la toile et attend qu'un insecte la percute. L'araignée retisse sa toile chaque nuit (et en cours de journée quand la toile est endommagée). Quand elle demeure au même endroit, l'épeire diadème réutilise les fils du cadre ainsi que ceux d'ancrage. Elle retisse tous les rayons et les fils collants de la spirale.
La vieille toile est ingérée et recyclée en nouvelle soie. Le temps nécessaire à la construction de la toile varie énormément. A partir de la phase "D", l'araignée travaillera sans arrêt et terminera sa toile en approximativement une heure.
Différentes espèces :
Epeire Diadème (Araneus diadematus)
Comme vu dans le chapitre « construction d’une toile », la toile de l’épeire diadème peut être très grande, elle est très régulière et munie d’un grand nombre de rayons. Il existe une zone libre entre le moyeu et les spirales principales.
Epeire Fasciée (Argiope bruennichi)
La toile comporte une trentaine de rayons (toujours entre 19 et 41) et est dotée d’un stabilimentum, sorte de motif blanc en zigzag, en son milieu. La fonction de celui-ci est encore discutée par les scientifiques.
L’araignée se tient au centre de sa toile dans une position caractéristique : les pattes groupées 2 par 2.
Epeire marbrée (Araneus Marmoreus)
Toile comparable à celle de l’épeire diadème. Elle se tient au centre de la toile ou, plus généralement, à proximité, dans une retraite cachée dans la végétation ou des fissures d’écorce. Elle attend alors sa proie, une patte antérieure posée sur le fil avertisseur.